Préparation consciente à la naissance naturelle
avec le docteur Jean Faillières
Deuxième partie
Alain Boudet
Dr en Sciences Physiques
Ce long texte en deux parties est la reproduction partielle de mon livre
Naissance de l'enfant, renaissance des parents
paru aux éditions Vie et Action en 1981 (épuisé)
Résumé: La grossesse et l'accouchement sont source de nombreuses interrogations et inquiétudes en ce qui concerne la transformation du corps de la mère, les douleurs de l'accouchement et le nouveau rôle des parents. Il existe souvent une ignorance et des idées erronées sur ce sujet. Se préparer à la naissance, c'est saisir l'occasion de cet évènement important pour s'informer, observer et sentir le fonctionnement de nos corps (aussi bien le père que la mère), de la respiration, du cycle féminin, du développement de l'enfant dans le ventre de la mère, des tensions musculaires souvent inconscientes et inutiles. C'est découvrir comment les tensions et les douleurs peuvent être atténuées ou disparaitre si nous débusquons nos fausses conceptions, et si nous nous entrainons à ressentir les signaux du corps et à leur répondre de façon adéquate. Le Dr Faillières était un pionnier de cette éducation des parents et cet article lui doit beaucoup. On y trouve également des conseils d'hygiène pour la mère et le bébé. En apprenant à nous connaitre de façon approfondie, nous devenons plus conscients, plus lucides, plus responsables et autonomes au cours de l'évolution de la grossesse et de l'accouchement, mais aussi dans notre vie personnelle, celle de couple et de parents. L'accouchement peut se dérouler dans la confiance, la décontraction, en respectant le rythme naturel de la mère et de l'enfant.
Contenu de la première partie
| Contenu de la deuxième partie
ANNEXES
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Dans les réunions du Dr Faillières, chacun peut, après ces explications biologiques, voir des photos d'un accouchement. Que remarquez-vous? est-il demandé. En premier lieu le sourire de la maman. Détendue, elle communique avec l'entourage. Elle suit avec passion la progression du bébé dans un miroir. Puis des projections de films, prêtés par d'autres couples, donnent aux connaissances acquises au cours de la préparation une dimension totalement différente. C'est le monde du sentiment et de la vie. A travers les films projetés, à travers les récits des parents, on peut apprécier la charge émotionnelle qui passe au cours de cet évènement exceptionnel que constitue l'accouchement et que beaucoup vivent comme une fête. Beaucoup des spectateurs en ont les larmes aux yeux... d'émotion (voir plus loin les témoignages donnés par des couples). L'émotion culmine au moment où surgit la tête du bébé et au moment où, posé sur le ventre de la maman, les parents peuvent l'embrasser. Le papa et la maman expriment une grande passion. Ils sont unis dans ce moment privilégié et quelquefois même, les frères et soeurs lorsque ceux-ci ont pu être présents.
Le père participe vraiment. D'abord il aide sa compagne à respirer pendant le travail, à se détendre et celle-ci ressent cette présence avec satisfaction. Puis, avec elle, il sort le bébé et le dépose sur son ventre. Souvent à plat ventre, ou sur le côté, au gré des parents. Fréquemment, il est recouvert d'un enduit gras qui protège sa peau et qui le rend tout blanc!
Et alors là, s'exprime toute la tendresse des parents. Ils le touchent, l'observent, l'embrassent, lui parlent, le caressent. Au début avec timidité. N'est-ce pas fragile un bébé? Les caresses ne lui font que du bien. Ne négligez pas ces instants de contact étroit entre enfant et parents. Prenez le temps de vivre votre émotion.
La psychologie moderne a montré toute l'importance du contact physique des premières années et surtout des premières heures sur le comportement futur de l'enfant. Contact de la main. Contact du sein maternel. Contact de la peau. Il est déterminant pour l'acquisition de l'équilibre affectif, de la santé physique et mentale et de l'intelligence. (voir ci-dessous l'haptonomie et ma page Massages biodynamiques)
Bien qu'il soit maintenant à l'air libre, le bébé est toujours relié au placenta en place dans l'utérus par le cordon ombilical. Celui-ci continue de battre et transmet le sang au bébé. Quelques minutes plus tard, il s'arrête. Le cordon ombilical a rempli son rôle, il n'a plus de raison d'être. Le père peut le couper avec des ciseaux et des pinces que lui remet le praticien. Cela ne peut faire de mal ni à la maman ni au bébé, pour les mêmes raisons que celles exposées à la rupture provoquée de la poche des eaux.
Le moment auquel on coupe ce cordon ne doit pas être trop précoce. Suivons les rythmes biologiques. Pourquoi être pressés? Si l'on coupe le cordon avant que le sang ne soit passé, il se produit une rupture de rythme: l'oxygène qui arrivait par le sang du cordon est obligé d'emprunter les poumons. Première inspiration, précipitée et brutale. Quel accueil pour ce bébé! Par contre, attendre que le cordon ait fini de battre permet une transition douce dans l'établissement du mode respiratoire. En outre le sang apporte d'autres substances utiles au bébé.
Les caresses déclenchent chez lui le réflexe de fouissement: en lui laissant le temps, par le toucher et l'odorat, il cherche à atteindre le sein et se met à téter. Ce réflexe est excellent. Si on ne permet pas qu'il se développe, il le perd dans les 20 minutes et ne le retrouve, avec moins d'intensité, que dans les 48 heures. D'où parfois, des problèmes supplémentaires pour l'allaitement.
En outre la succion du sein par le nouveau-né déclenche la contraction utérine, accélère l'involution de l'utérus, diminue les risques d'hémorragie et accélère la séparation et l'expulsion du placenta. Celles-ci se produisent à la faveur de quelques contractions. L'important est, ici encore, de suivre le rythme biologique: on attend que le placenta soit décollé, on ne tire pas dessus (fig.15D).
Une fois que le bébé bien langé repose dans son berceau, le Dr Faillières recommande de placer un sac de sable de 3 kg environ sur le ventre de sa mère, qu'elle gardera 3 ou 4 jours. Cela lui évite le frisson qui survient chez beaucoup de mères après l'accouchement et aussi empêche les gaz intestinaux de profiter de la place laissée libre pour dilater les intestins et provoquer des coliques.
Note d'A.B.: Placer un sac sur le ventre n'est pas seulement un acte mécanique visant à faire revenir l'utérus à sa taille normale. Beaucoup de mères ressentent un vide dans leur ventre, c'est comme une présence fusionnelle qui brusquement manque. C'est très déroutant et certaines éprouvent ce frisson, mais aussi une sorte de dépression. Placer un sac sur son ventre, c'est une façon (mais ce n'est pas la seule) de combler ce vide, et de poser un appui rassurant. Ce n'est pas au niveau de la conscience, mais des mémoires cellulaires.
Aussi, le sac ne doit pas paraitre lourd et encombrant, mais rassurant. Les peuples de la terre, tels que les Quéchuas dans les Andes, préconisent le port de ceintures larges et chaudes pour les femmes. Cela leur donne le sentiment de confort, de sécurité, de soutien et de coquetterie, tout en guidant leur ventre vers sa position d'origine.
Si nous avons pu décrire avec précision ce qui se passe biologiquement et comment y répondre, nous ne pouvons pas nous étendre sur le côté émotionnel pourtant tellement important, primordial. Chacun trouve par lui-même l'attitude juste, résultat des mois de préparation où l'enfant était déjà présent, se développait au sein du couple et que l'on a appris à connaitre. Cette fête a été possible parce que l'atmosphère s'y prêtait. Le médecin et la sage-femme y sont considérés comme des amis avec qui l'on fait connaissance au cours de la préparation. Ils restent discrets, laissant le premier rôle au couple et sont là pour l'aider en cas de besoin. Un sentiment d'équipe s'est créé, dans laquelle l'émotion a sa place.
De nouvelles tâches attendent les parents, en premier lieu assurer les besoins primaires (sécurité, affection, nourriture, hygiène) et le développement du bébé. Tâche pas toujours facile. Les parents sont souvent désemparés par les pleurs du bébé dont ils ne comprennent pas la cause. Que faire? Se précipiter pour le câliner et le faire téter? Ne vaut-il pas mieux analyser la situation et rechercher la cause avant tout ? Quelquefois un simple petit détail suffit à faire cesser le malaise du bébé. A-t-il soif, ses vêtements sont-ils trop serrés, a-t-il trop chaud, trop froid, a-t-il un rot, des gaz?
En amorçant le dialogue dans le couple et entre les couples, en permettant aux parents d'être plus attentifs à la sensation du corps, la préparation constitue une éducation des parents vis à vis de leur enfant. Parce qu'ils comprennent mieux ce qui se passe en eux, ils sentent mieux les réactions de leur enfant. Voici quelques conseils pratiques donnés par le Dr et Mme Faillières pour les soins du nouveau-né.
Les laver soigneusement, même s'ils sont neufs, même s'ils ont été tricotés à la maison; ne les laver ni à l'eau de javel, ni avec de la lessive, mais au savon en paillettes. Repasser pour stériliser. Les langes sont choisis en coton et non en fibres synthétiques pour éviter la transpiration. Pas de molleton pour langer, les mouvements doivent rester libres.
L'enfant sera nourri au sein si possible. On sait que beaucoup de mères ont des réticences: ça déforme la poitrine; on ne peut pas manger de tout; c'est un esclavage; etc. Or, si l'on prend la précaution de maintenir la poitrine en bonne position avec un bon soutien-gorge, l'expansion du sein pendant la grossesse et la rétraction en fin d'allaitement se font correctement et peuvent même embellir la poitrine.
Le refus d'allaiter est souvent lié à des problèmes psychologiques: le sein est un objet érotique. Allaiter, provoquer l'érection du mamelon procure du plaisir. Plaisir qui incite la mère à allaiter, et dont profite le mari dans les rapports amoureux. Certaines mères refusent ce plaisir lié à une sexualité qu'elles réprouvent, consciemment ou non. Certains pères acceptent mal d'être dépossédés du sein de leur femme. Le changement se fait sans problème au cours de la préparation. Par le dialogue, par l'information, par l'acceptation progressive de l'enfant dans le foyer, la préparation conduit à l'allaitement comme un acte qui va de soi.
Il arrive que des mères manquent ou croient manquer de lait, ou imaginent que leur lait est mauvais. Voici donc quelques informations. A la fin de la première semaine, il y a une chute de la lactation. Elle correspond en fait à une régulation. La quantité de lait se règle sur la demande. Plus on demande, plus il s'en produit. La mère qui allaite doit boire beaucoup, un litre à un litre et demi de plus que d'habitude. C'est pendant la tétée elle-même que la soif se fait sentir le plus souvent. Certaines boissons sont galactogènes. Voici celle qui est recommandée par le Dr et Mme Faillières: dans 1 litre d'eau froide, ajouter une pomme en morceaux, 1 cuillerée de grains d'orge et un bâton ou un demi-bâton de racine de réglisse. Faire bouillir 10 mn. Laisser décanter et filtrer. C'est une boisson très rafraichissante. Même si la mère a peu de lait, ou si elle doit travailler dans la journée, elle donnera tout ce qu'elle pourra. Le complément de lait sera mis dans une tasse et donné à la petite cuillère. Lorsqu'on la pose sur la lèvre inférieure, le bébé tète.
Certaines mères ont peur des crevasses au sein. Pour donner le sein, il faut que le mamelon soit bien enfoncé dans la bouche du bébé. S'il suce trop sur le bout, il provoque des "suçons" et cela favorise les crevasses. S'il est en bonne position, son nez s'enfonce dans le sein et il faut mettre le doigt pour créer une petite dépression devant son nez.
La tétée se fait à la demande, même la nuit. Mais il ne faut pas habituer le bébé à prendre du plaisir la nuit: lui donner du lait, mais pas de caresses ni de paroles.
Ne pas s'attacher exagérément à la courbe de poids du bébé: les premiers jours, il décroit à cause du rejet des selles (myconium) et de l'urine. Les jours où on le pèse après la selle, cela influe sur le poids.
Voici deux exercices pour fortifier la musculature de la mère.
L'Association de Diffusion, d'Études et de Recherche pour Mieux Naitre (Toulouse, France) a reçu un nombre important de témoignages de couples ayant suivi la préparation avec l'équipe du Dr Faillières. Elle organisait également des réunions après naissance où les parents pouvaient échanger, dialoguer sur les problèmes d'éducation de leurs enfants et sur ce qu'ils avaient vécu pendant la préparation (12, 13). De façon assez générale, il en ressort les avis suivants.
La préparation a changé l'idée que se faisaient les parents de la grossesse et de l'accouchement. Souvent considérés comme des moments pénibles mais nécessaires pour avoir un enfant, ils sont devenus l'occasion d'un renouveau. La mère a appris à mieux se connaitre et son comportement a changé et pas seulement pour la grossesse et l'accouchement. La naissance a été abordée avec confiance, sérénité, lucidité, responsabilité et vécue comme une fête, un grand bonheur. L'évènement s'est produit en famille, dans une ambiance non médicale. Les couples ont apprécié de pouvoir prendre leur temps.
Le père, qui souvent ne se sentait pas concerné avant la participation, a été intéressé par son rôle actif. Le fait de préparer la naissance à deux a renforcé le couple conjugal, améliorant le dialogue, notamment sur le plan sexuel, favorisant une meilleure compréhension mutuelle. Quelquefois, des couples y ont fait la découverte d'une dimension conjugale qu'ils n'avaient jamais abordée, se contentant d'exister côte à côte.
L'enfant a progressivement pris sa place au sein de la famille bien avant sa venue au monde. Les parents ont compris l'importance d'une bonne hygiène sur la santé de l'enfant pendant la grossesse. Ils l'ont senti vivre dans l'utérus et lorsqu'il s'agissait d'une seconde naissance ou plus, les frères et sœurs ainés ont participé à l'attente. C'est vraiment en pensant à l'accueil du bébé qu'a été vécue la naissance, avec toute sa charge émotionnelle. L'éducation de l'enfant bénéficiera des acquisitions de la préparation.
Quand j'avais 10 ans une petite camarade m'avait raconté que l'on avait ouvert le ventre de sa soeur pour sortir son bébé, j'en avais eu alors le coeur soulevé et une certaine angoisse me revenait de loin en loin quand je pensais au moment où je devrais mettre un enfant au monde. Un peu plus tard ma mère me racontait que les souffrances étaient terribles, qu'elles ne ressemblaient à rien d'autre, ce qui n'était pas pour me rassurer. Vers 18 ans, je pensais ne pas me marier pour ne pas avoir à accoucher ou bien me marier sans concevoir d'enfant. En même temps, j'avais un profond désir de maternité.
Après un premier échec dû à une surveillance médicale négligée, nous avons mis beaucoup d'espoir dans ce nouvel accouchement: l'information du couple sur l'évolution, sur le développement de l'enfant, l'importance de la préparation médicale, le seul jeu des questions: comment? pourquoi? la préparation psychologique enfin, la participation du père, la relation qui s'instaure entre le médecin et le couple, tout cela crée un climat de confiance, et confiance réciproque qui me parait essentielle.
La première fois (non préparée), quand j'ai eu l'alerte, je ne savais pas que j'allais accoucher. La deuxième fois, après préparation, je savais ce qu'étaient les contractions. Je suivais bien l'évolution en fonction de ce que nous avions appris.
Lors de la première grossesse, je suis restée sur l'impression d'un échec, en ce sens qu'à partir du 6e mois ont commencé les ennuis: sciatalgie, arrêt de travail, préparation à la naissance décevante et qui se révèlera inefficace. Le jour de la naissance, je ne contrôle aucune sensation et j'ai mal, et j'accepte l'anesthésie comme un soulagement. A cet instant, je ne crois pas que je pensais à notre bébé. J'ai seulement regretté avant d'être endormie que l'on ait refoulé mon mari de la salle d'accouchement. Il a par la suite eu l'impression très pénible d'être totalement étranger au bébé qu'on lui a amené dans la demi-heure suivante. Vinrent ensuite les désagréments d'une épisiotomie et un allaitement au sein bref et rendu douloureux par des crevasses. Lorsque pour la deuxième grossesse, je suis allée voir M. Faillières, j'étais encore anxieuse à cause de l'expérience précédente et sceptique quant à une méthode prouvant que ce précédent aurait pu être tout autre que ce qu'il avait été. Et au fur et à mesure que s'écoulaient les mois et les réunions, j'avoue que les craintes s'estompaient parce que je comprenais ce qui s'était passé auparavant et ce qu'il fallait faire pour que tout se déroule autrement.
Ces réunions m'ont permis d'être plus à l'écoute de moi-même, donc de me rapprocher du bébé; j'ajouterai la presque découverte du diaphragme, du périnée que je ne savais pour ainsi dire pas décontracter.
Bienfait du régime alimentaire (encore plus consciente après la grossesse de son intérêt), peut être à commencer plus tôt; là le mari sceptique a commencé à se transformer en aide-mémoire efficace (ne mange pas cela...); très à l'aise physiquement, pas poussive (même au 3e étage sans ascenseur la veille d'accoucher), pas cette démarche caractéristique de la femme enceinte.
important dans la préparation: la préparation démarre tôt ce qui permet au couple de vivre pleinement toute la grossesse: prise de conscience de l'influence du mode de vie de la mère sur l'enfant (respiration, nourriture, fatigue . . .).
Nous étions très détendus à l'approche de la naissance et je me souviens avoir dit à des proches parents: j'irai comme à une fête. (Une de mes amies qui faisait sa préparation en clinique paraissait beaucoup moins décontractée). Et c'est vrai, il nous tardait d'y être, de vivre cette naissance, nous avions une confiance absolue.
Nous vivons la grossesse, ce qui nous permet d'arriver à l'accouchement dans un climat de confiance. Les évènements qui se déroulent semblent connus et nous permettent d'apprécier entièrement ces moments d'intense bonheur qu'est l'arrivée au monde d'un bébé, de notre bébé.
J'ai vraiment eu l'impression de dominer mon accouchement et de décider moi-même de ce que j'avais à faire.
Je me suis très bien adaptée en respirant à mon rythme, et non de façon standard, en étant tout à fait décontractée, en restant assise ou debout, et en faisant des mouvements de bascule du bassin pour n'avoir pas mal aux reins. J'ai eu les mêmes sensations que pour le premier, mais sans aucune souffrance. Je parlais avec mon mari et mon premier fils qui avait 5 ans et qui était présent. Cela s'est passé à mon rythme, puisque c'est moi qui annonçait les contractions, dans le calme et la joie. Je suivais tout dans la glace, je me suis régalée.
Nous avons apprécié que l'on laisse tout le temps nécessaire à notre bébé pour naitre, sans la précipitation des derniers moments si souvent rencontrée.
Le temps ne semble pas compter. Les choses suivent leur rythme le plus normal, aucune précipitation ne vient nous bousculer et l'accoucheur est toujours là, calme et disponible.
Nous avons eu la possibilité de vivre la naissance de notre enfant comme un évènement dans la vie du couple et non comme un acte médical.
Le fait de prendre notre bébé, au lieu de le recevoir des mains d'un médecin nous a permis de l'accueillir comme nous le souhaitions en prenant le temps de le caresser au lieu qu'il nous soit enlevé immédiatement pour des examens systématiques et pas toujours indispensables. Nous avons été heureux de rentrer tous les trois dans notre chambre, le berceau de notre bébé poussé par son père.
Et puis, instant merveilleux que celui où notre bébé apparait! Nous l'accueillons dans nos bras, nous pouvons l'embrasser, le caresser, bonheur inexprimable.
Prendre Boris dans mes mains, le regarder, le caresser, lui parler, le frotter à ma peau . Il était lui et je n'étais pas surprise. On se connaissait bien déjà, et je voulais qu'il se sente bien avec nous, comme je l'avais aidé à sortir de sa poche toute chaude, dans les meilleures conditions possibles.
Michel a été très marqué par cette expérience et surtout par le fait qu'il a coupé le cordon.
Moi qui au départ ne voulais pas de la présence de mon époux à l'accouchement (pudeur), j'ai trouvé cela naturel et nécessaire.
Mon mari et moi sommes persuadés que sans cette préparation nous n'aurions pas été deux pour accueillir notre fille. Mon mari, non seulement n'aurait pas participé, mais nous pensons qu'il n'aurait même pas assisté à la venue au monde de son enfant, il ne l'aurait pas supporté.
Du refus de mon mari d'assister à l'accouchement au départ, insensiblement, sans même revenir sur cette question, et grâce à ces réunions où il avait son rôle à jouer tant sur le plan théorique (chacun pouvant donner son point de vue) que sur le plan pratique (en devenant en quelque sorte mon entraineur), il a senti son rôle de père déjà dans cette préparation. Il l'a donc senti pleinement au moment de la naissance.
Certaines mères ont ressenti une jouissance forte au moment de l'enfantement (14)
Le passage de l'enfant au niveau du vagin, c'est chaud, humide et n'est pas sans rappeler des sensations ressenties lors d'un rapport sexuel.
La sortie du bébé apporte un bien-être extraordinaire, cette chaleur, cette eau qui coule, ce bébé qui glisse doucement.
La période d'enfantement a été trop courte, car à ce moment là le plaisir est intense.
A ce plaisir, cette joie, ce bonheur, l'environnement vient quelquefois mêler des ombres.
Certains couples ont pu comparer des naissances différentes, avec et sans le couple Faillières.
Nous avons eu, trois ans après, une petite Cécile. Grâce à la préparation à la naissance de Franck, nous avons pu donner à Cécile à peu près les mêmes conditions de naissance. Pour la naissance de Cécile, nous avons fait la préparation seuls et de façon aussi précoce et assidue. A certains moments, nous nous sentions un peu isolés et seuls. Le groupe, l'échange avec M. et Mme Faillières nous ont manqué. Nous n'avions aucun contact avec le gynécologue qui me suivait sur le plan médical durant la grossesse. Il ignorait totalement le mari durant les consultations et m'a répété la même chose durant toute la grossesse: Vous aurez un tout petit bébé. Attention, vous avez le col ouvert!! Il n'était d'ailleurs pas là pour la naissance car il ne se déplaçait que lorsqu'il y avait problème. La participation de Jacques à la naissance a fortement surpris la sage-femme qui était avec nous pour la circonstance. Nous n'avons pas manqué de lui faire part de notre expérience antérieure et le lendemain elle est venue dans la chambre me demander quelques précisions sur la "méthode Faillières".
Nous avons donc porté une glace pour que je puisse voir le bébé naitre, et j'avais averti que je le prendrais moi-même. Ce qui a été accepté, le médecin me disant seulement Et s'il glisse? Ce qui nous a fait comprendre que c'était la première fois qu'il le voyait faire!
Malgré leur volonté de nous laisser faire tout ce que nous voulions, une chose a été inconcevable pour eux, c'est notre façon de pousser. Selon la méthode du Dr Faillières, mon mari me soulevait par les épaules et je bloquais seulement ma respiration, avec le diaphragme bas, pour que l'utérus puisse y prendre appui. Je voulais bien leur faire plaisir et essayer la position du rameur comme ils disaient, car la sage-femme et le médecin s'épuisaient à m'exhorter de pousser, mais dès que la contraction était là, je regardais mon bébé arriver et je me décontractais tout à fait selon mon habitude, lâchant les poignées, au grand désarroi du groupe médical. Cela n'aurait pas été important si cela n'avait créé un climat de tension, où tout le monde autour de nous s'agitait car, disaient-ils, l'enfant doit sortir vite sinon il souffre, au lieu de la fête que nous connaissions et que nous voulions revivre.
Après avoir préparé et vécu la naissance de leurs enfants avec M. et Mme Faillières, un couple a aidé une mère à préparer la naissance dans une autre ville.
Nous préparions une mère à la naissance de son premier enfant. Le père ne voulait absolument pas entendre parler d'accouchement sans douleur. Elle est venue se préparer pendant le dernier mois seulement, mais elle venait souvent. Elle est arrivée anxieuse, tendue, ne pouvant plus dormir. Elle est venue contre l'avis de son mari, de sa mère, de ses beaux-parents avec qui ils vivaient, et qui lui répétaient sans cesse que c'était de la comédie, qu'elles avaient souffert, et que toute femme doit souffrir sans faire toutes ces simagrées. Elle a amélioré sa respiration, et surtout au bout de quelques jours, elle a commencé à pouvoir se décontracter, progressivement; et à bien dormir chaque nuit; elle a découvert son corps. L'environnement ridiculisait tellement la minutie de la préparation, qu'à la fin elle doutait encore de ce que nous disions, seul le film l'a convaincue: elle attendait au moins une grimace, et je souriais tout le temps ainsi que mon mari. Elle a voulu vivre un accouchement semblable et elle a demandé de prendre elle-même son bébé, à quoi le médecin a réagi très violemment Ah ça jamais, c'est moi et se voyant dépourvu de son rôle ou de son autorité, il lui a fait un tableau horrible de l'accouchement.
Cette dame est donc partie contente à la clinique bien décontractée, ayant perdu les eaux et trouvé cela bien agréable, comme je le lui avais annoncé. Arrivée à la clinique: Vous avez des douleurs? - Non, seulement des contractions. - Alors ce n'est pas ça! Coup de téléphone du médecin annonçant le refus de ma présence (car je donnais trop confiance à la mère). Aussitôt dans ce cadre étranger, tout préparé à accueillir la douleur, devant la réticence à la glace que nous avions portée, elle a senti qu'on la dépossédait de son accouchement, que le médecin avait tout pouvoir, et elle a commencé à se contracter. Nous avons découvert là, l'importance de l'asepsie verbale (de même que l'on ne doit pas être agressé par des microbes pathogènes (asepsie microbienne), de même il faut éliminer les paroles nocives) et d'une continuité entre la préparation et le cadre de la naissance.
Lorsque cette dame a dit le lendemain à la sage-femme que je n'avais pas souffert, on lui a répondu impossible, à quoi elle a dit qu'elle m'avait vu sourire, elle souriait pour la photo lui a-t-on répondu! Mais non, c'est un film!
Les témoignages qui suivent démontrent, s'il en est encore besoin, que la préparation ne se limite pas à l'indolorisation de l'accouchement, mais qu'au-delà de la naissance le comportement des couples s'en trouve modifié par l'amorce ou l'approfondissement d'un dialogue conjugal et par la prise de conscience par le couple de son rôle et de son statut de parents.
Cette préparation nous a permis de nous voir différemment, quelques fausses images entre mon mari et moi sont tombées; l'entourage familial lui aussi a été marqué, nous nous sentons plus nous-mêmes vis à vis de ce dernier, nos façons d'être, d'agir, de penser, risquent aussi d'être changées, nous croyons que notre fille en bénéficiera.
L'union du couple s'est enrichie. Sur le plan affectif l'époux, au lieu d'être étranger aux périodes et sujétions de la grossesse, arrive grâce aux échanges à comprendre ce qui se passe de façon dissimulée. Cette interpénétration entraine plus d'attention et d'affection qu'en période ordinaire.
La préparation stimule le dialogue. S'il commence en séance, il se continue à l'intérieur du couple et c'est le début de découvertes sur tous les plans: découverte du corps; découverte des motivations du comportement de l'autre; découverte de ses raisons profondes de vivre; découverte de l'enfant qui se fait.
Au cours de la préparation s'est amorcé un dialogue intime sur notre vie sexuelle et nous considérons que son évolution a été un élément très important de progression.
C'est par la prise de conscience de l'évolution de mon corps que la préparation nous a aidé à nous libérer de certaines de nos angoisses par rapport à mon corps: ce n'est pas mon corps qui grossit, c'est l'enfant qui occupe une place plus grande jusqu'à ce que son organisme soit suffisamment adapté pour que l'on puisse couper le cordon.
D'où mon désir très fort, avivé sans doute par la préparation (du couple) de partager toutes ces sensations avec mon époux, lui faire sentir ce petit qui vit, bouge, grandit, change de position.
Comme on a envie de parler au bébé pendant la grossesse (même à voix haute) une communication qui s'installe déjà!
Michel (le mari), quant à lui, n'arrêtait pas d'écouter ce petit coeur, chose qu'il n'aurait jamais faite autrement ne sachant pas que c'était possible.
Les enfants aussi participent à la communication avec le bébé.
Ces nouveaux échanges familiaux se prolongent après l'accouchement qui ne constitue qu'un passage entre la grossesse et la maternité.
J'ai été frappée par l'attitude de mon mari qui avant ma grossesse n'aurait jamais osé tenir un bébé. Là, aucune appréhension, tous les gestes lui venaient naturellement, pour le porter, le changer, etc. Cette préparation du père à la naissance est pour beaucoup dans cette attitude.
C'est une phase effective d'évènements que nous voulions vivre en couple et elle nous a menés plus directement vers les étapes suivantes comme celle d'élever les enfants. Nous ne pouvons pas affirmer que nous élèverions nos enfants différemment si nous n'avions pas suivi la préparation dès le premier, mais nous pouvons affirmer que cela a été un stimulant certain de notre désir d'assurer une continuité entre ce que nous avons partagé et ce que nous vivons aujourd'hui. Les enfants ressentent profondément l'échange à l'intérieur du couple.
Mal préparés ou mal conduits, la grossesse et l'accouchement provoquent des troubles tels que vergetures, plis du ventre, descente ou rapetissement des seins, distension ou déchirures de muscles, descente d'organes, varices, préjudices de la colonne vertébrale, lombalgies, lassitude, et des troubles psychologiques comme insomnie, angoisse, dépression.
La préparation tend à réaliser les conditions d'une prophylaxie totale sur le plan physique et sur le plan psychologique pour la grossesse, l'accouchement et après la naissance. La prophylaxie a pour objet l'ensemble des conduites propres à garantir contre toute altération de la santé, la santé étant (d'après l'OMS, 1945) un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. Elle consiste à permettre la réalisation d'un équilibre entre l'œuf, la mère et l'environnement écologique, matériel et socioculturel. La préparation a pour but d'apprendre à la mère à jouer son rôle de médiateur biologique. Le
bénéfice est manifeste au niveau de l'accouchement et de l'état de l'enfant à la naissance. Dépassant son objet initial, la préparation constitue aussi une prophylaxie des inadaptations familiales, scolaires et sociales.
Trois facteurs jouent un rôle essentiel dans cette préparation en ce qui concerne la prophylaxie:
La décontraction volontaire et consciente qui permet le jeu maximum des muscles (du périnée surtout), l'oxygénation (associée avec la respiration) et le minimum de fatigue
Les bascules du bassin suppriment les lombalgies, les varices, les complications urinaires; donnent une meilleure statique de la colonne vertébrale, réduisant la lassitude, améliorant la paroi abdominale, offrant de meilleures conditions d'engagement.
Le dialogue qui s'instaure dans le groupe, dans le couple et la famille. Souvent père et mère découvrent leur statut, leur rôle nouveau, s'épanouissent et accèdent à leur responsabilité de parents.
Pour 1500 naissances environ, on a pu constater (15) l'absence ou la disparition de la siaborrhée, des nausées et des vomissements, des prises de poids excessives (plus de 8 à 9 kg), des néphropathies, des lombo-sciatalgies, des vergetures et masques de grossesse, des déchirures périnéales, des dystocies fonctionnelles, des œdèmes du col, des dégradations de la relation conjugale, des dépressions du post-partum, ainsi que la réduction extrême des interventions instrumentales. Pour l'enfant, au niveau physique, absence d'anoxie et de réanimation, réduction extrême des interventions médicales et chirurgicales; au niveau de la relation parents- enfants, la relation à l'enfant est déjà bien établie au moment de la naissance.
En 2 ans, 276 couples ont été préparés à la naissance avec le Dr Faillières parmi lesquels 177 ont pu faire l'objet d'une statistique. Accouchements en présence du Dr Faillières: 117 soit 66%; avec un autre médecin: 60 (34%). Enfants allaités au sein: 163 (92%)
Nombre de cas | Total et pourcentage sur 177 | Dr Faillières pourcentage sur 117 | Avec d'autres pourcentage sur 6O | pourcentage national en 1976 (16) |
Césarienne | 5 (2,8%) | | | 8,5% |
Forceps, spatule | 26 (14,6%) | 15 (12,8%) | 11 (18,3%) | |
Déchirure du périnée | 10 (5,6%) | 2 (1,7%) | 8 (13,3%) | |
épisiotomie | 16 (9%) | 7 (5,3%) | 9 (15%) | 28,2% |
Délivrance artificielle | 2 (1,1%) | 2 (1,7%) | | 14,3% |
La comparaison des pourcentages doit se faire avec quelques précautions. L'échantillonnage national représente 4685 accouchements distribués dans toute la France et dans toutes les couches de la population. Les pourcentages du Dr Faillières ne représentent que 177 couples et ne sont donc significatifs que par leurs tendances. Néanmoins on voit que les césariennes, les épisiotomies et les délivrances artificielles sont bien moins nombreuses. Il faudrait d'ailleurs tenir compte de la façon dont elles sont réalisées: épisiotomies atteignant des muscles plus ou moins profond par exemple. On explique les pourcentages plus élevés avec les autres médecins, parce que ces couples, préparés avec le Dr Faillières, se sont retrouvés en présence d'un médecin non familiarisé avec la méthode et n'acceptant pas que le couple lui prenne une partie de ses pouvoirs. D'où une crispation qui annule une partie des effets de la préparation.
La préparation psychosomatique élaborée par M. et Mme Faillières a apporté énormément d'éléments très riches qui sont autant d'outils que les parents sauront ou non, voudront ou non, utiliser pour la naissance:
Lucides, confiants, sereins, les couples se sentent capables d'assurer seuls la mise au monde du bébé. Le médecin et la sage femme n'étant ici que comme guides et sécurité.
Après la naissance, des couples ont témoigné combien la préparation avait transformé leur vie. Le couple conjugal est devenu couple parental. Le bébé a pris peu à peu sa place avant sa venue au monde, pour être accueilli tout naturellement.
Sentir son corps, vivre une relation avec un groupe, apprendre à analyser les situations, etc., que d'apports qui ne se limitent pas au temps de l'accouchement. Ils ne sont que le début ou le renforcement d'un cheminement. Et la grossesse est l'occasion, le moment privilégié pour s'ouvrir, se développer, renaitre.
Ces résultats ne sont pas miraculeux. Ils n'arrivent ni fortuitement, ni automatiquement, ni gratuitement, mais grâce au travail, à l'effort, à la volonté, à la profonde motivation. Ce n'est pas un chemin facile. Mais combien passionnant. Que d'exercices, de réflexion, d'attention! 9 mois, c'est court pour remplir ce programme. Et si la préparation à la naissance de nos enfants commençait non pas à leur conception, mais à notre naissance à nous, parents? Si, garçons ou filles, nous étions préparés par nos parents, par nos enseignants!
Recevoir une éducation correcte et complète qui ne soit pas seulement une instruction visant à l'acquisition de connaissances, mais un véritable développement corporel, affectif, relationnel, social, intellectuel, créatif serait prendre un bon départ dans la vie, augmenter les capacités d'adaptation au réel, préparer de meilleures conditions pour donner la vie. (voir le dossier Éducation de ce site)
En attendant, que pouvons-nous faire? Peut-être d'abord témoigner que l'on peut naitre différemment. C'est l'objet de cet article. Pourquoi donc la préparation du Dr Faillières n'est-elle pas plus connue? Pourquoi le Dr Faillières, comme tant d'autres, n'a-t-il pas écrit de livre ou fait un film? Il explique que cette préparation demande un travail énorme de la part des couples, de la part des praticiens et nécessite une remise en question très importante de la part de chacun, une nouvelle manière de voir les choses. Un livre, un film? Oui, mais pourquoi? Il est facile de promettre, mais après? Pour que cette préparation soit diffusée, cela nécessite de créer d'autres équipes.
Je pense personnellement qu'un livre, un article, peuvent rendre service. Doit-on laisser dans l'ignorance sous prétexte que l'on ne sera pas en mesure de répondre à la demande que cela suscitera? Certes, j'ai la certitude qu'ils ne peuvent pas remplacer la préparation en groupe au long de plusieurs mois. Un des éléments important de la préparation disparait: l'abord pédagogique. Si la diffusion par le livre permet d'informer plus de gens, elle perd en qualité. La progression n'est pas échelonnée. Il n'y a pas le dialogue avec les autres couples, le lent murissement de la pensée entre deux séances, la dimension émotionnelle, relationnelle et corporelle d'une véritable préparation.
Comment ce texte va-t-il être perçu? Le lecteur sera-t-il sensible à son essence ou ne retiendra-t-il que certains éléments, utilisés comme des recettes? Lire des informations n'a pas le même impact que rechercher les réponses en soi à partir des observations de la vie quotidienne. Aussi, ce texte n'a-t-il pas la prétention de diffuser la préparation. Il se limite à vouloir susciter chez le lecteur une réflexion, une voie de recherche personnalisée pour mieux vivre.
Afin d'alimenter encore cette réflexion et cette remise en question, nous avons rapporté quelques informations supplémentaires en annexe: l'apport d'autres méthodes de préparation: la technologie (annexe 1), le choix d'une position (annexe 2), la sophrologie (annexe 3), la naissance sans violence (annexe 4), l'haptonomie (annexe 5), le chant prénatal (annexe 6), l'accouchement à la maison (annexe 7) et un article du professeur Raymond Lautié sur l'hygiène de vie de la mère, accompagné de recettes de phytothérapie et d'aromathérapie (annexe 8).
Il y a peu de temps que la technologie s'est introduite dans l'obstétrique, mais elle se développe rapidement. C'est ce que nous apprend une enquête de l'INSERM effectuée en 1972 et en 1976 (16): les déclenchements artificiels d'accouchement ont augmenté de 11,5 % en 1972 à 14,3 % en 1976 sur l'ensemble des naissances; le forceps, instrument qui sert à sortir le bébé, a vu son utilisation passer de 8,9 % à 11,3 %, la césarienne, opération chirurgicale par laquelle le praticien ouvre le ventre pour sortir le bébé, de 6,1 % à 8,5 %.
L'emploi de ces interventions artificielles n'est pas sans danger. Les calmants, les piqures, les perfusions qui provoquent ou modifient les contractions utérines réalisent une action sur le système nerveux et l'on assiste souvent à la naissance de bébés "étonnés". Ces pratiques diminuent l'apport d'oxygène au bébé, élément pourtant si fondamental. La traction manuelle du placenta est responsable d'hémorragies.
L'utilisation de la surveillance électronique est passée de 6,4 % en 1972, à 31 % en 1976. Appelée encore monitoring, elle permet d'enregistrer les contractions utérines et les battements cardiaques du bébé. Ils s'inscrivent sur une bande de papier qui se déroule. Deux capteurs à ultrasons sont maintenus par des sangles de caoutchouc sur le ventre de la mère.
L'opinion médicale et publique veut que ces aménagements soient responsables de la baisse de la mortalité périnatale. Et c'est bien pourquoi les parents demandent la surveillance électronique: c'est un moyen d'être rassurés. Ils veulent qu'il y ait tout dans la maternité en cas d'accident. A cela, nous pouvons ajouter que la préparation psychosomatique élimine ou diminue fortement le besoin d'être rassuré car elle rassure par elle-même. De plus, elle constitue un facteur très important de prévention des accidents qui deviennent extrêmement rares (voir ci-dessus).
S'il est vrai que le monitoring augmente la sécurité des grossesses dites à risques, il n'est pas prouvé qu'il ait une incidence favorable sur les autres grossesses, catégorie dans laquelle entre la presque totalité des mères préparées. Il a cependant eu le mérite de montrer que le foetus est informé et perçoit l'état maternel, réagit et en particulier qu'il souffre (au sens défini par le Dr Faillières) chaque fois que la mère a des émotions négatives, qu'il y a du bruit ou d'autres influences nocives. En fait, on peut parfaitement écouter les bruits du cœur au stéthoscope.
Quelle est donc la part réelle de la technologie dans la baisse de la mortalité? Bien d'autres facteurs importants interviennent: les conditions de travail pendant la grossesse, l'habitat, l'hygiène corporelle se sont nettement améliorés; les grossesses à répétition sont moins fréquentes (17). Ne nions pas cependant que dans certains cas "à risques", cette technologie peut rendre service. Quand l'utiliser? C'est une question de lucidité, de sensation, d'intuition. Être conscient de la situation et savoir y répondre de façon adéquate.
Le Pr P.A. Chadeyron (18) analyse la modification des relations entre les participants lorsqu'intervient la machine. La technologie, dit-il, fournit un refuge contre l'angoisse. La femme s'y abandonne comme entre les bras d'une bonne mère et le praticien lui réclame l'avis indiscutable d'un père. Tous les deux s'enferment dans un état de dépendance. Ils se soumettent à des normes rationnelles où l'expression émotionnelle est exclue. La femme n'existe plus qu'en tant qu'objet (son ventre) que l'on soumet à une exploration. Et encore cet objet n'est pas intéressant mais constitue une enveloppe gênante pour examiner l'enfant. La femme est éliminée.
L'enfant serait-il mieux considéré? Non. Il est réduit à l'état d'objet, émetteur de sons (les bruits du cœur) et c'est la machine enregistreuse que l'on observe, pas l'enfant. Le praticien n'est plus qu'un technicien. Pourrait-il y avoir communication d'émotions entre des objets et un technicien? La machine est-elle nocive en elle-même? Non. C'est le pouvoir de mère protectrice qu'on lui attribue qui l'est.
L'anesthésie, autre intervention artificielle, sert à indoloriser l'accouchement. On pratique l'anesthésie générale, locale, ou locorégionale, et particulièrement l'anesthésie péridurale, qui insensibilise la moitié inférieure du corps tout en laissant la conscience éveillée. Venue des États-Unis où l'accouchement est considéré comme un acte purement médical, elle s'est développée pour limiter les risques dus à l'anesthésie générale. La fonction de l'anesthésie est de couper le circuit de transmission de la douleur. Les sensations de l'utérus ne parviennent pas aux centres nerveux centraux. La douleur est donc supprimée, mais à quel prix? L'anesthésique se répand dans l'environnement du foetus. Ne passe-t-il pas à travers le placenta? Avec quelles répercussions?
Supprimer la douleur par des anesthésiques, c'est la considérer comme physiologique, génétiquement programmée et inéluctable. Le moyen de ne pas la ressentir est de la cacher, de mutiler psychologiquement la femme en supprimant ses sensations. Or, nous avons vu que cette conception est fausse et que la douleur, loin d'être physiologique, n'est que le produit de notre culture, de notre éducation, de l'environnement, de notre angoisse. La femme anesthésiée n'est plus ni femme ni mère, mais un corps-objet passif et l'état maternel est réduit à l'état de douleur. Les aspects corporel, affectif et relationnel ont été abolis (19).
Or, la naissance est en premier lieu un vécu corporel et émotionnel. Il s'y mêle des sensations intenses, un vécu archaïque, les expériences antérieures, les fantasmes. Il passe un courant d'émotion entre la mère, l'équipe médicale à son écoute et à son service, le père et l'enfant. A une femme qui n'a pas participé activement et lucidement à la naissance, son bébé parait étranger, parfois même dangereux pour son intégrité physique et sa sécurité.
Le Dr Pierre Vellay (20) rapporte le témoignage d'une américaine qui a accouché avec péridurale. Si la douleur physique fut presque totalement supprimée, ma douleur morale fut totale; je fus déprimée pendant des mois, considérant que je n'avais pas tout fait pour mon enfant et que, pour mon bien-être, je m'étais désintéressée de sa mise au monde, laissant à d'autres ce travail.
Accoucher en position allongée sur le dos n'est pas une habitude universelle. Il semble qu'elle ait été adoptée en Europe il y a 3 siècles pour la commodité des observations et des manipulations par le corps médical. De par le monde, on accouche dans les positions les plus variées: accroupie, à genoux, assise, debout, en marchant, etc. On assiste actuellement, dans les milieux de santé naturelle, à un regain d'intérêt pour la position accroupie, par imitation de ce qui se fait dans certaines populations primitives. Faut-il renoncer à la position allongée? Chaque position a ses avantages et ses inconvénients, ses adeptes et ses détracteurs.
La position accroupie permet, grâce à l'action de la pesanteur, d'économiser 20 % des efforts et facilite l'engagement.
Le plus grand inconvénient de la position classique allongée sur le dos, réside dans le fait que la femme est fixée par des étriers qui la figent dans une position standard pas toujours adaptée, d'où des difficultés pour se décontracter. Par contre, si la femme est libre de ses mouvements, tête et genoux surélevés par des coussins, cette position permet de mieux se détendre, de respirer calmement et de récupérer entre les contractions. Celles qui ont besoin d'être contrôlées par le médecin ou la sage-femme pour être rassurées sur la progression du travail ou pour des raisons médicales, doivent savoir que ce contrôle n'est commode que dans la position allongée.
En fait, pourquoi vouloir déterminer une position à l'avance? Citons à ce propos les recherches intéressantes du Dr Odent (21): lorsque les femmes sont préparées par des dialogues avec l'équipe obstétricale, avec les autres couples en préparation ou ayant déjà vécu la naissance, et lorsque l'on aménage une salle d'accouchement qui permet la liberté du corps, les femmes trouvent elles-mêmes la position qui leur convient, position qui peut varier d'un moment à l'autre. La position qui semble la plus fréquente, en dehors de l'allongement sur le dos, consiste à mettre un genou à terre.
On retrouve ici la notion de savoir s'adapter, assurée à la fois par un apprentissage (la préparation) qui permet la libre expression du corps et un environnement qui n'entrave pas cette expression. Dans ces conditions, le choix de la position se fait au moment voulu; à partir des sensations, et non en fonction de calculs. On aurait donc tort d'être obnubilé par un choix déterminé à l'avance.
L'expérience accumulée par les praticiens de l'hypnose et de la relaxation pour la guérison des troubles divers, comme pour la recherche de l'indolorisation de l'accouchement a prouvé une chose: c'est que hypnose et relaxation modifient l'état de conscience de l'individu, mais qu'il est difficile de prévoir de quelle manière. C'est pourquoi Caycedo a fondé la sophrologie, qui est l'étude des états de conscience, par une approche phénoménologique, c'est-à-dire en décrivant les faits objectivement, sans se préoccuper au départ de leur donner un sens ou une explication (22). Il a mis au point une technique, la sophronisation, qui est en fait une technique de relaxation physique et mentale dont le but est de conduire dans un état de conscience intermédiaire entre la veille et le sommeil. L'individu est alors déconnecté des sollicitations extérieures et plus centré sur lui-même. Il oppose moins ou pas du tout de résistance mentale aux suggestions du sophrologue, ou à ses propres suggestions. Il peut ainsi se reconditionner positivement dans des buts bien déterminés choisis par lui.
Dans les méthodes de préparation à l'accouchement des Dr Aguirre de Carcer, Boon et Feijoo, la sophronisation complète le travail de type psychoprophylactique: informations anatomiques et physiologiques, exercices musculaires et respiratoires. La sophronisation intervient sous 3 aspects :
- La sophronisation simple vise à apprendre à la femme à être bien décontractée. Elle poursuit cet entrainement chez elle à l'aide d'une cassette enregistrée. Ainsi par une sorte d'automatisme, la femme est capable de se mettre dans l'état sophronique, relâchement musculaire, conscience au bord du sommeil. C'est l'état dans lequel elle se plonge à l'arrivée de chaque contraction pendant l'accouchement. Il a comme avantages de diminuer la douleur et permettre une évolution plus rapide du travail. Ces avantages sont dus en fait au relâchement musculaire. Le relâchement mental ne se justifie que pour obtenir un meilleur relâchement musculaire.
- La sophro-analgésie vise à supprimer la douleur de la contraction utérine. Au cours de la grossesse, la femme s'entraine à cette technique: elle se met en état de sophronisation. Le sophrologue lui suggère alors de se centrer sur la sensation de chaleur perçue dans la région du bas ventre et de la remplacer par une sensation de froid. Le froid a pour effet d'insensibiliser la région. Cette technique semble être assez efficace. Elle a pour inconvénient de traiter la douleur comme physiologique, c'est-à-dire comme préexistante. Il serait plus intéressant de s'attaquer non au symptôme, mais à la cause première, c'est-à-dire le conditionnement socio-culturel. C'est possible avec la troisième technique.
- La sophro-acceptation progressive: en état de sophronisation, la mère s'imagine à diverses époques de sa grossesse, au cours de l'accouchement et après la naissance. Elle est bien, elle se voit comme elle aimerait être. En imaginant ainsi une situation positive, elle agit sur son subconscient en remplaçant les conditionnements négatifs par des positifs. Ainsi, elle se voit enceinte, et acceptant bien son nouvel état. Elle imagine un accouchement qui se déroule bien. Puis elle se voit avec son bébé, elle accepte bien son enfant. Cela permet de réduire les peurs, les angoisses, les inhibitions et de préparer la relation mère-enfant.
On a vu que la préparation du Dr Faillières conduisait aux mêmes résultats. Il est possible qu'en état de sophronisation, le reconditionnement soit plus rapide et que la sophronisation progressive puisse rendre des services intéressants dans la préparation. Au cours de l'accouchement, l'état de sophronisation et la sophro-analgésie sont probablement efficaces contre les douleurs. Mais la sophrologie abaisse le niveau de conscience pendant les contractions, ce qui peut constituer une entrave à une recherche de la responsabilité et de la liberté. Regrettons aussi la terminologie réservée à des spécialistes.
Hello, petit enfant, es-tu heureux de venir en ce monde? Pour toi, cette naissance, ta naissance s'est-elle bien passée? Surprenante question, si peu habituelle! Mais faisons silence pour écouter sa réponse. Elle en vaut la peine. Bien sûr, l'enfant n'a pas de mots pour s'exprimer. Mais tout son être est là pour communiquer avec l'extérieur et traduire ses sensations. Rappelons-nous sa venue. Un cri. Quelle joie pour les parents que de l'entendre! Ça y est, tout va bien, ça a réussi! Un cri déchirant dans un masque de peur, est-ce donc si joyeux? Chacun est joyeux et content. . . de soi. Mais l'enfant, lui, est-il heureux?
Imaginons un instant comment vivait l'enfant avant de naitre et nous aurons la réponse à cette question.
Prenons par exemple la vue. Dans le ventre de sa mère, l'enfant percevait de la lumière, mais une lumière tamisée, douce et agréable pour lui. Et brusquement, des scialytiques et des projecteurs braqués sur lui et qui l'aveuglent. Ne se pourrait-il pas qu'il ait les yeux brulés?
Et l'ouïe. L'enfant était bercé par le puissant battement du coeur de sa mère et les bruits de l'extérieur lui parvenaient amortis. Et voilà des bruits violents, des Allons, poussez, poussez! Encore! Pauvres oreilles, ne seraient-elles pas déjà sourdes?
Et la peau. Sa peau qui ne connaissait que le contact doux des muqueuses, la voici frottée sur un buisson d'épines et de serviettes.
Et l'air. L'air qu'il respire pour la première fois et qui pénètre dans ses poumons avec l'effet d'un acide sur une plaie, qui le brule intérieurement. Et alors, avec violence, il le crache, il le crie. Son premier cri: la joie des parents, mais quelle horreur pour l'enfant! Un cri qui hurle Non!
Et son corps. Qui a vécu longtemps tendu et plié. Et quel écrasement pour sortir! Le voilà pris par le pied, dans le vide, la colonne vertébrale lâchée d'un coup. Un vertige immense.
Est-ce ainsi que doit naitre notre enfant? Faut-il que son premier contact avec le monde extérieur lui soit un supplice qui le marquera jusqu'au dernier jour de sa vie. Hé bien, non! Notre enfant n'a pas à être la victime de notre aveuglement et de notre inconscience. Alors que faire?
Comment pouvons-nous aider notre enfant à faire de sa naissance un moment agréable pour lui? Puisque c'est la peur qui le fait souffrir, il faut trouver des moyens de lui rappeler des sensations déjà connues qui, en atténuant le contraste d'avant et d'après, le réconforteront et le rassureront. Le bébé, qui ne connaissait que la douceur des muqueuses, sera sensible au langage d'amour des caresses qui l'accueilleront et du soyeux contact de la peau maternelle.
Éteignons aussi les lumières; une simple veilleuse suffira lorsqu'il apparaitra. Ainsi ses yeux pourront s'ouvrir tout grands, sans panique. Et puis faisons le silence, afin que ses oreilles ne se ferment pas au chant du monde. Et cet air qui lui brule les poumons, est-il nécessaire de le lui donner si tôt? Ne coupons pas trop vite son cordon ombilical: il en.a besoin. Et enfin, celui qui compte le premier dans la naissance, c'est bien l'enfant. C'est lui qui doit être le guide de notre comportement. Apprendre la lenteur, sortir de notre vitesse pour se mettre à son rythme, à son écoute, sans se presser. Être là, simplement, avec recueillement et une grande paix.
Alors, maintenant, petit enfant, tu peux venir!
(Texte de Else Buning et Jean-Jacques Moalic, paru dans la revue Vie et Action n°89)
Voilà l'attitude que préconise le Dr F. Leboyer (23). C'est une interrogation sur ce que vit l'enfant au cours de la naissance. L'enfantement est une épreuve terrible pour lui, malmené par un utérus qui le chasse [chez la femme non préparée]. Mais ensuite tout est calme, paix, volupté. Après les caresses, le bébé reçoit un bain qui le réchauffe, le détend, le sécurise car il retrouve un élément connu, l'eau.
D'autres avant Leboyer avaient compris et dit l'importance qu'il fallait accorder au vécu de l'enfant à la naissance. Parmi eux, les praticiens des méthodes naturelles, le Dr Faillières, et bien d'autres encore ont insisté sur la section tardive du cordon ainsi que sur les massages et caresses donnés à l'enfant. Ils ont peut-être parlé trop tôt. Le Dr Odent a tenté d'expliquer la méthode Leboyer après l'avoir introduite dans sa maternité (24). Ce n'est pas une technique, mais un climat, une atmosphère qui imprègne le couple et le personnel: l'écoute de l'enfant, l'amour, la jouissance. L'objectif est d'éviter le traumatisme à l'enfant et de favoriser l'établissement de la relation parent-enfant.
La méthode ne concerne que les minutes qui suivent la naissance. Mais cela n'aurait aucun sens si elle n'était pas précédée et suivie d'un comportement inspiré par la même attitude d'esprit. Si après avoir joué avec cet enfant, on le sépare de sa mère pour le langer, le peser, on ne fait que retarder l'apparition du masque de terreur. Il est important que la mère reste présente et le conduise elle-même dans sa chambre. Le Dr Leboyer accomplissait lui-même les gestes d'accueil de l'enfant. Les parents étaient trop déconcertés pour le faire. Chez Odent, par une préparation dans un certain climat, ils sont capables de retrouver les gestes de l'amour, de les laisser s'accomplir sans retenue, et ils reçoivent et cajolent eux-mêmes l'enfant.
Cette approche reste mal connue, bien qu'elle soit enseignée en France depuis longtemps. L'haptonomie a été fondée par le médecin néerlandais Frans Veldman. Elle consiste à établir une relation affective entre la mère, le bébé et le père en effectuant de petites pressions sur le ventre de la mère et en parlant. Le bébé est en mesure de percevoir ces échanges d'autant plus qu'ils sont chargés d'amour. Dès cinq mois, il est sensible aux sons de l'environnement, aux mouvements et aux émotions de sa mère, et au contact des mains sur son ventre. Il répond à la communication tactile en venant se lover dans la main de la personne qui l'y a invité.
Le père participe pleinement. Par cet échange tactile et vocal, c'est une véritable relation de tendresse que vivent (déjà) l'enfant, le père et la mère. L'haptonomie s'occupe aussi de la descente du bébé, en l'invitant à se présenter de façon favorable, et en lui montrant le chemin à suivre jusqu'à la naissance.
Dans la pratique du chant prénatal, des femmes enceintes se réunissent pour chanter avec d'autres personnes, des femmes ayant déjà accouché, leurs enfants, les maris. Cette méthode a été mise au point dans les années 1970 par Marie-Louise Aucher, chanteuse et fondatrice de la Psychophonie, dans le but de faire du bien à la fois à la mère et à l'enfant. Les chansons sont simples, faciles et de caractère joyeux. On y pratique des vocalises permettant d'améliorer l'émission vocale et la respiration.
Aussi, la méthode apporte-t-elle plusieurs avantages. Elle introduit une communication vocale et affective avec le bébé, qui, même dans le ventre de sa mère, est sensible aux sons et à la voix de ses parents dès le cinquième mois. La psychophonie s'appuie sur les correspondances vibratoires entre les sons et le corps humain. Chaque note vient résonner dans une zone bien précise du corps et influence le développement de l'organisme du bébé et particulièrement du système nerveux (voir article Résonances sonores dans le corps dans ce site). Le père a un rôle fondamental à la fois parce que lui aussi prend sa place en entrant en communication avec son enfant. De plus, il apporte des son graves indispensables à l'équilibre vibratoire.
Par le chant prénatal et les vocalises, la mère et les autres participants prennent conscience du mouvement des muscles qui entrent en jeu pendant l'accouchement. Cette technique est aussi utilisée au moment de l'accouchement: les sons aident à soulager la douleur et ouvrent le passage au bébé.
Accoucher à domicile, c'est accoucher en famille dans un cadre que l'on aime bien, que l'on a créé soi-même, c'est accueillir le bébé tout de suite dans la famille.
A la clinique, à l'hôpital, le couple se trouve généralement confronté, sauf exception, à un environnement défavorable. C'est un lieu pour les malades. Une femme enceinte serait-elle considérée comme une malade? C'est l'antre du pouvoir médical où les décisions appartiennent au médecin. La mère est soumise au règlement, à la structure, au personnel de l'établissement. Une sage-femme, que souvent elle ne connait pas, l'emmène dans la salle d'accouchement. Fréquemment, la présence du père, des frères et des sœurs est mal ou n'est pas acceptée par le personnel. Que va-t-on me faire? pense la mère. Dans la salle, des objets inconnus, seringues, ciseaux, appareillages, des odeurs, des bruits, les paroles du personnel médical, constituent autant de sources d'inquiétude et de souffrance. Ensuite, dans la chambre, il faut se confronter à un personnel qui n'accepte pas toujours que la mère allaite et change elle-même son bébé. L'arrangement de la chambre est plus ou moins agréable.
Accoucher chez soi permet de remédier à tous ces inconvénients. Il n'y a pas si longtemps que les femmes accouchaient chez elles, avec la présence d'une sage-femme et l'aide des voisines. La sage-femme connaissait bien la famille et venait voir la mère régulièrement pendant la grossesse et après l'accouchement. Le médecin n'intervenait que dans les cas graves. La sécurité peut être facilement assurée de cette manière. De plus, les risques sont amoindris parce que la mère se trouve dans une ambiance familiale, elle peut se détendre, elle se sent bien. Si en outre, une bonne préparation physique et mentale a été suivie, les risques sont réduits au minimum.
Les enfants peuvent être présents sans problème. Quel dommage de faire garder les ainés pendant la naissance de leur frère ou sœur. Cette séparation risque de renforcer leurs sentiments de jalousie vis à vis du bébé. A la maison, le bébé sera attendu et accueilli par tous et les enfants participeront à l'évènement.
Cependant, il serait naïf de penser que la maison est toujours le meilleur endroit, et l'hôpital ou la clinique des lieux à éviter. En effet, d'autres facteurs entrent en jeu dans le choix de l'un ou de l'autre: la maison a également des inconvénients et ceux de la maternité peuvent être réduits dans une certaine mesure. La maison peut être un lieu où l'on ne se sent pas bien. La famille est-elle unie? Certaines personnes ne sont-elles pas indésirables? En particulier celles qui racontent leurs accouchements avec de nombreux détails sur leurs douleurs, leurs forceps, leurs hémorragies. Comment être détendue avec de telles personnes? Certains objets n'évoquent-ils pas les soucis quotidiens de l'existence, les tâches qui sont restées inachevées? La mère acceptera-t-elle d'abandonner ces activités pour se reposer, récupérer et prendre son temps après l'accouchement? A-t-elle des ami(e)s qui l'aideront à faire le ménage?
L'accouchement à domicile n'est qu'exceptionnellement possible, car rares sont les praticiens qui l'acceptent. Dans ce cas, il serait néfaste de se crisper sur cette exigence, pour le bien-être de la mère et du bébé. On peut en effet rendre le séjour à la maternité assez agréable en la choisissant bien. Il est recommandé de la visiter à l'avance afin de se familiariser avec la salle d'accouchement. La mère est-elle autorisée à changer elle-même son bébé? Le cadre passe plus facilement inaperçu si l'on suit une préparation sérieuse et si l'accoucheur respecte les rythmes propres de la mère et la valeur affective familiale de l'accouchement. On améliore la nourriture de la mère en lui apportant des compléments alimentaires, on favorise sa respiration en disposant une soucoupe contenant des essences de plantes qui ionisent l'air ambiant. Ainsi, par le choix d'une bonne maternité et d'un bon accoucheur, on minimise les inconvénients de la maternité. La mère profite de son séjour pour bien se reposer et pour faire mieux connaissance avec son bébé.
Note additionnelle 2008: Certaines associations et certains médecins (par exemple le Dr Michel Odent) demandent la reconnaissance et l'établissement en France de maisons de la naissance qui ne soient pas des établissements médicaux, mais des foyers d'accueil pour le bébé, la famille, des lieux de préparation, d'éducation sexuelle et familiale. Le Dr Faillières et son équipe avaient déjà établi un solide dossier sur ce sujet dans les années 1970. Voir plus bas
L'heureux état psychique des géniteurs avant la procréation, pendant la gestation et l'accouchement, pendant l'allaitement, est d'une importance indéniable. Les drames conjugaux retentissent toujours sur le foetus et sur le nourrisson. Cependant, il ne saurait suffire pour que l'embryon se développe normalement, pour que l'enfantement se produise sans accident ou que le bébé se développe en pleine vigueur intellectuelle et organique.
Je mets à part l'hérédité des procréateurs contre quoi on ne peut guère réagir, sauf dans des cas très particuliers et aussi certains accidents imprévisibles. Cela dit, les parents ont le devoir d'observer très tôt une hygiène psychosomatique totale pour maintenir le sang de l'un comme de l'autre en grande pureté et en bon équilibre des acides aminés essentiels, des lipides, des glucides, des minéraux, des vitamines, etc. Sans ce souci constant, dès avant l'accouplement, spermatozoïdes et ovules manquent de vitalité; pendant la grossesse, le foetus, si sensible, se développe mal et prépare des tares qui l'accableront tout au long de l'existence; le nouveau-né ne bénéficie pas d'une croissance régulière.
On ne doit jamais perdre de vue que l'équilibre nerveux, que la puissance cérébrale et physique d'un homme se préparent dès avant l'acte sexuel et s'amplifient par l'hygiène psychosomatique de la femme enceinte puis de la nourrice.
Dans les jours, si possible les semaines, qui précèdent la conception, le climat moral doit créer une douce euphorie dans un environnement de paix, où les bruits ne surmènent pas les neurones, où les activités physiques et intellectuelles restent équilibrées et dans les limites des possibilités psychiques et organiques du couple, où le sommeil est vraiment reposant et suffisant afin de réduire au maximum ces poisons que sont les ptomaïnes du surmenage, de la fatigue et des soucis.
L'air dynamisé est plus que jamais nécessaire, donc anionisé, aromatisé par des essences végétales (eucalyptus, lavande, romarin, thym, etc), à taux très bas en acide carbonique, exempt d'oxyde de carbone, de fumées de tabac, de poussières irritantes, etc. Les exercices quotidiens de respiration profonde sont indispensables dans une atmosphère ventilée, saine et vivifiée par la lumière naturelle et par les arômes.
L'hydrothérapie a une place de choix. En particulier, je pense aux bains du soir, froids ou chauds ou à température alternée suivant les tempéraments, mais tous plutôt enrichis de: marjolaine, pin, romarin et thym (décoction à poids égaux versée au dernier moment dans le bain, en agitant fortement.
L'alimentation gagne à être riche en fruits murs, en fruits secs doux, en crudités variées où entrent le basilic, l'ail, l'ognon et la menthe crue, les fromages non fermentés (plus particulièrement de chèvre) et le miel. Si possible, préparer une sorte de miellat citronné dont on absorbe très lentement et en l'insalivant bien, environ 30 grammes par jour. Pour ce faire, prendre des citrons murs, non traités, bien lavés, à peau fine. Au mixer, les réduire finement en une sorte de bouillie (zeste et jus) que l'on incorpore avec soin au miel de lavande ou de bruyère. (Proportions: citron complet: 60 grammes, miel: 40 grammes). Se conserve quelques jours au réfrigérateur. Voilà un aliment très dynamisant, gorgé de vitamines d'oligoéléments et d'huiles essentielles (essence de citron désinfectante, tonique cardiaque, antianémique, antihémorragique, reminéralisante).
Ce même remède est bénéfique pendant la grossesse et l'allaitement. Durant les jours qui précèdent la fécondation, boire au réveil une tisane (140 cc) de sarriette (60 g par litre), dans laquelle on dissout un ou deux grammes de chlorure de magnésium desséché ou cristallisé.
A 10 h, sur un morceau de sucre roux, verser une goutte d'essence de cannelle. Sucer doucement. Après le repas, boire une infusion de menthe poivrée. Mettre dans les salades du repas du soir, en plus de l'ail, du basilic et de l'ognon, quelques feuilles de roquette. A 16 h, sur un morceau de sucre roux, verser deux gouttes d'essence de sarriette. Sucer doucement. L'usage de ces huiles essentielles est d'éviter surtout l'ennui d'une sorte d'impuissance passagère ou de stérilité.
J'ajoute qu'il est essentiel de supprimer le tabac (ou de séjourner dans une atmosphère non tabagique), le café, le thé, les alcools et tous les excitants pharmaceutiques.
Il peut être utile de purifier quotidiennement le vagin par des injections vaginales au coucher (infusion de lavande ou de lamier blanc, 60 g par litre).
Compte tenu des rythmes biologiques et contrairement à certaines croyances, l'accouplement se fait sans violence, plutôt après une nuit reposante, c'est-à-dire entre quatre heures et sept heures du matin.
La femme enceinte gagne à ne pas vivre au ralenti, à ne pas se mettre en une espèce de quarantaine; mais au calme, loin des énervements d'une société surexcitée, au bon air, donc vivifiée par le soleil et les parfums végétaux. Pas de séjour dans une atmosphère stagnante, polluée, conditionnée. Elle doit s'oxygéner au maximum pour que son sang soit vif et donne au fœtus le maximum d'oxygène actif et par conséquent faire le plus possible d'exercices respiratoires et de marches. Bains et frictions au gant de crin favorisent sa circulation sanguine. Impérativement, elle évite tabac, alcools, nervins et drogues.
Sa nourriture est frugale, variée et de grande qualité. Des crudités, des salades vertes, avec ail, basilic, persil, citron, ognon, huile d'olive ou de tournesol (peu de sel), carottes crues, betteraves rouges, un peu de pain bis, deux ou trois cuillerées à soupe de levure alimentaire saupoudrées à froid sur l'ensemble des mets de la journée juste au moment de les consommer, quelques céréales, de temps à autre, un peu de blé germé, un peu de viande rouge grillée, un peu de poisson maigre bouilli et parfumé. Pas de fritures. Des fromages blancs, des caillés doux (à la chardonnette par exemple). Des œufs mollets. Des fruits murs (raisin, pêche, cerise, pomme bien mure, cassis, myrtille, groseille, ananas, etc). Confiture de cynorhodon. Gelée de pomme, de cassis etc. Des fruits secs.
L'ognon cru permet d'éviter, le plus souvent, la petite albuminurie des derniers jours. Le jus de citron (des salades et du miellat) maintient la souplesse des capillaires et protège des varices et combat la déminéralisation et les troubles hépatiques. Si des vomissements arrivent, boire des infusions d'anis vert, de mélisse ou de sauge bien miellées et chaudes (varier le plus possible).
Surveiller l'état de la denture. Bien brosser les dents et bien les nettoyer avec une eau dentifrice à base d'essence de girofle et de thym.
Au coucher, boire une infusion de basilic ou d'oranger ou d'aubépine pour améliorer le sommeil. Dans les derniers jours, pour préparer la mère à l'accouchement et lui éviter les fièvres puerpérales, prendre sur un morceau de sucre roux, à dix heures, une goutte d'essence de girofle et, à seize heures, une goutte d'essence de niaouli.
En même temps, elle masse doucement ses seins et les soigne avec des cataplasmes d'argile ou de feuilles fraiches pilées de ricin.
Comme la femme enceinte, la nourrice se plie à une hygiène stricte tant dans ses activités intellectuelles que physiques. Elle surveille scrupuleusement son alimentation semblable à celle de la femme enceinte, mais enrichie s'il se peut, de châtaigne, de cresson, de raifort, d'ortie. Les carottes crues lui sont bénéfiques de même que les choux cuits à l'étouffée. Elle boit des infusions d'anis vert, de carvi, de fenouil, de verveine officinale, de galéga.
Un peu de lentilles bien cuites et parfumées, de temps à autre. L'orge germée peut parfois l'aider à avoir suffisamment de lait. Par contre, elle consomme peu d'avoine ou même la supprime. (Tenir compte du tempérament).
La qualité de son lait dépend de celle de son sang et par conséquent de son hygiène psychique, de ses exercices respiratoires et de sa nourriture. Elle s'interdit à la fois les lieux bruyants, pollués, à atmosphère stagnante et tabagique. Il est essentiel qu'elle respire profondément un air animé et parfumé. Elle renonce, comme elle l'a fait pendant sa grossesse, au café, au thé, à la chimiothérapie, aux fortifiants, aux somnifères, que le bébé retrouve dans sa nourriture et qui acquiert ainsi le besoin, déclenché beaucoup plus tard, de recourir aux nervins et aux poisons pharmaceutiques.
Si elle évite les yaourts décalcifiants, elle recherche par contre les fromages blancs, surtout celui de chèvre, et les caillés doux (faits avec de la chardonnette) et en particulier celui-ci: mettre dans un bol du lait de chèvre (pur ou étendu de moitié d'eau sucrée). Préparer du jus de citron mûr. Le verser très lentement, goutte après goutte, dans le lait de chèvre que l'on agite régulièrement avec une cuillère en bois, et cela jusqu'à ce que l'on obtienne une masse granuleuse. On réalise ainsi un aliment très énergétique, hautement vitaminé, sans microbe virulent, sans germe paludéen ou typhique, et qui se conserve deux ou trois jours au réfrigérateur.
Si la nourrice redoute l'anémie, malgré le miellat au citron, elle améliore ce dernier de la façon suivante: dans le miellat fait comme précédemment mais à partir de 300 g de citron total pour 100 g de miel, introduire un œuf frais bien lavé (sans le casser). Mettre le tout dans un récipient clos. Deux semaines plus tard, les sels calciques de la coquille ont disparu sous l'action de l'acide citrique et l'on dispose d'un aliment reminéralisant remarquable, très vitaminé et riche en protides assimilables et en glucides précieux, sans compter de nombreux oligoéléments. C'est aussi un moyen de consommer un oeuf cru, facilement digeste même pour la majorité des hépatiques, l'albumine n'étant plus nuisible.
La femme enceinte, si ses dents souffrent de décalcification, peut, elle aussi, recourir à ce fortifiant atoxique. Elle gagne, comme d'ailleurs la nourrice, à consommer des bourgeons de luzerne ajoutés à la salade verte ou à boire des tisanes de jeunes pousses (fraiches ou convenablement séchées) de luzerne non traitées (60 g au litre) qui apportent l'indispensable chlorophylle, sorte d'hémoglobine magnésienne, du calcium, du fer, des vitamines A, B, C, D, K, pour le plus grand profit du foetus ou du nourrisson (par la voie lactée).
La santé intellectuelle et physique de l'enfant se conquiert avant même la conception puis pendant la grossesse, l'accouchement et l'allaitement. Elle exige des parents une hygiène psychique intégrale, un amour vigoureux, une recherche constante de l'harmonie du couple, de la qualité de l'environnement (le foetus est très sensible aux anomalies extérieures), de l'art de respirer profondément un air vraiment pur et dynamisé, d'une nourriture de choix simple, variée, équilibrée, le plus près possible de l'état naturel, parfois renforcée par la phytothérapie et l'aromathérapie atoxique, mais non pas par la chimiothérapie agressive. Cela implique des repas largement pourvus de crudités végétales, de crudités vertes qui font pur le sang du foetus et nutritif le lait de la nourrice, de fruits murs, de fruits secs, de pain bis, d'oeufs mollets (très modérément), de fromages blancs, de caillés doux (les laitages de chèvre l'emportant si possible) et de miels, de confiture de cassis, de cynorhodon, d'abricot, de raisin, de myrtille, de pomme, etc.
Ces précautions prises, la gestation, l'accouchement et l'allaitement présentent le minimum d'ennuis.
Haptonomie
Chant prénatal
Maisons de la naissance
Texte conforme à la nouvelle orthographe française (1990)
Texte 1981 - Dernière correction 03 juillet 2008